

C’est dans le cadre des Passeurs de mémoire que samedi 17 février a débuté la collecte des souvenirs auprès des anciens de Sainte-Colombe-de-Duras. Michel Michelot et Pascal W.-Goulard se sont rendus au domicile de M. Pierre Guillou et de son épouse Andrée.
M. Guillou, à 94 ans, est le doyen de la commune.
Né à Sainte-Colombe en 1928, il est issu d’une famille originaire de la région de Concarneau. Comme beaucoup d’autres Bretons, ses parents sont arrivés en 1927 pour travailler des terres dans une région qui n’avait pas vu revenir une partie de ses hommes à l’issu de la guerre de 14-18.
L’enfance de « Pierrot » se déroule entre l’école de la commune, où les enfants étaient alors nombreux, le catéchisme à Esclottes et Baleyssagues, où il fallait se rendre à pied ou à vélo, ainsi qu’il était courant à l’époque.
L’un de ses plaisirs était de jouer avec l’accordéon diatonique de son père. Il nous précise même qu’au tout début il ne jouait qu’à l’oreille.
En 1939 la guerre éclate, Sainte-Colombe se trouve alors en « zone libre ». En 1942 les Allemands envahissent le reste de la France. Pierrot est alors sollicité pour jouer de l’accordéon pour des bals clandestins organisés dans une maison située au bois Bourru, au lieu-dit « Boucherie ». C’est accompagné de ses frères, dont l’un portait l’accordéon et l’autre la lampe à carbure, qu’il se rendait, jeune adolescent, faire danser les personnes en manque de divertissement. Il n’est pas besoin de préciser qu’ils risquaient de se faire dénoncer, l’issue aurait alors pu en être dramatique.
La guerre terminée, la vie reprend son cours normal. Il fait son service militaire à Angoulême puis reprend son activité musicale dans un orchestre qui animait, entre autres, des mariages. C’est d’ailleurs de cette manière qu’il rencontre sa future femme, Andrée Bergé, de Baleyssagues.
Le couple s’installe sur la propriété des parents Guillou au lieu-dit « Jean Lecourt ».
La vie à l’époque est rude, entre le travail des vignes, les vaches à traire, puis plus tard la culture du tabac.
Les femmes travaillent autant que les hommes avec la maisonnée à gérer en plus. Mme Guillou se souvient des lessives à faire à la main et à rincer au lavoir, été comme hiver, un travail pénible et harrassant, qui prit fin en 1974 avec l’achat de la première machine à laver.
La vie suit son cours avec ses aléas, mais aussi ses améliorations : l’achat d’une trayeuse et d’un tracteur. Jusque là le travail de la terre se faisait avec des vaches.
En 1990, Mr Guillou prend une retraite bien méritée.
Mme Guillou a retrouvé des « trésors » familiaux, entre autres la barrate à beurre et la crépière, venant de Bretagne. Elle a aussi retrouvé beaucoup de photos. Elle les a confiées à Pascal Wojciechowski-Goulard, contact local des Passeurs de mémoire, qui collecte depuis déjà quelques temps tous les documents significatifs et les scanne afin de constituer une base de données concernant la vie à Sainte-Colombe au cours des décennies.
Nous pouvons ainsi revoir des personnes aujourd’hui disparues, des lieux ou des éléments emblématiques comme le chêne séculaire tombé en 1988 et dont nous recherchons toutes les illustrations possibles.
Toutes les personnes en lien avec Sainte-Colombe ayant des photos, des souvenirs sont les bienvenues et peuvent se faire connaître à la mairie du village. Il s’agit de sauver la mémoire d’un monde qui tend à disparaître chaque jour un peu plus.
Le premier « Atelier mémoire » aura lieu à la salle des fêtes du village le 15 avril à 16 heures, beaucoup d’anciens ont déjà répondu présent, espérons qu’ils seront encore plus nombreux à venir. Rendez-vous est donné, vous êtes tous les bienvenus.