Les chasses d’Aurel : texte de René Blanc
Aurel, était un sympathique bonhomme, célibataire de surcroît, chasseur impénitent, diseur de couillonnades à la vérité débordante. Ce n’était pas un menteur, mais un déformateur et transformateur de faits véridiques vécus par lui et ses amis .Cela provoquaient une incrédulité et des rires.
Les pinsons :
Par les hivers neigeux, chose rare chez nous, les pinsons montagnards envahissent nos plaines et picorent nos champs. Sous les feuilles se trouvent des réserves de graines, plaisir des passereaux. Aurel, son fusil à l’épaule, traversa le potager de Dame Louise empli de choux de toutes variétés. Des pinsons partout…. Aurel tira d’un côté et de l’autre en fauchant. Il garnit à débordement sa gibecière. En passant devant la porte de Dame Louise il lui lança :
« Allez faire un tour dans vos choux, il peut y avoir encore des pinsons qui traînent. J’ai tiré avec une cartouche de 500 plombs » !
Louise sortit avec un panier à vendanges et le remplit de pinsons ! Dans notre coin de terre, il n’y avait que Aurel et son fusil pour réaliser de pareilles hécatombes !!!
Les palombes
Sortant de manger chez Tulia, son fusil sur l épaule, Aurel aperçut juchée à la cime d’un pin parasol une bonne poignée de ces oiseaux bleus, peut-être une trentaine. Malheureusement il ne lui restait qu’une cartouche garnie d’une cinquantaine de gros plombs. Il arme et tire dans un beau nuage de fumée bleue. Quinze tombent, mais quinze autres s’envolent. Tu ne le croiras pas… Les vingt plombs qui restaient se sont mis à chercher les palombes en tournoyant !!
Une année passe, et à la même époque Aurel revient de manger chez Tulia. Il va faire un tour vers le pin parasol et le voit couvert de cette belle volaille. Seulement, il y avait celles de l’an dernier… Et hop, tout le paquet prend son envol ! C’est alors que je compris que celles de l’année dernière m’avaient reconnues !